UN JOUR UN ARTISTE : CORINE BERTHEAS DUMONT
Elle peint et elle « textile »
Elle s’imprègne, elle touche, elle froisse, elle choisit : Soie, filet, jute, coton, dentelle… Et c’est le début du « tableau » : Elle colle, elle peint, elle coud…
Poncées, chauffées, brûlées, patinées, ses « matières » s’entremêlent, liées ou déliées par les colles, par l’acrylique…
Et elle, on dirait qu’elle y entre à pas feutrés, comme prudemment, dans son grenier-mémoire du point bourdon, du napperon, du drap brodé… On dirait qu’elle s’y glisse, furtive, dans cet univers là : celui du fil, du pli et du tissé ; et dans cet autre aussi, bien plus près de l’humain : celui des innombrables « petites mains » qui n’ont jamais cessé, silencieusement, de travailler dans l’ombre, celle du château ou de l’usine ; petites mains qui tissent et trament, inventent des techniques, transmettent des savoirs comme celui, par exemple, de l’infinie patience, ou celui, moins facilement accessible, de la légèreté…
Que cherche-t-elle dans son geste ?
Elle n’en dit rien, elle ne veut pas le dire.
Ce qu’elle créée, ça ne « figure » rien, simplement ça suggère, et, curieusement, tout à coup, ça évoque… ça évoque le temps qui fuit et qui nous reste ; ça évoque le sens, celui qui nous égare comme celui qu’on retrouve ; ça évoque un secret, « le » secret, sans doute celui d’une âme… Et survient alors une lumière subtile : Celle de nos féminités qui s’imaginent, méthodiquement, librement, en se jouant des matières imposées.
A voir absolument : Son « autoportrait » (avril 2014), sa « série de plissés » (juin 2014), sa « variation pour un napperon (2013)…
Françoise Longeard-Sanyas. Septembre 2014
photo Corine Bertheas Dumont